Glanage des fruits urbains : étude exploratoire sur les contaminants dans les fruits urbains montréalais
Le Laboratoire sur l’agriculture urbaine est heureux de publier cette étude exploratoire sur les risques sanitaires reliés au glanage de fruits urbains. Réalisé en collaboration avec Les Fruits Défendus et le Laboratoire d’analyses environnementales de l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Montréal, cette étude exploratoire donne un premier aperçu de l’enjeu des risques de contamination des fruits urbains par les métaux lourds pouvant potentiellement se trouver dans les sols.
Au Québec, les groupes de cueilleurs urbains se développent depuis plusieurs années. En 2024, ce sont plus de 10 tonnes de fruits urbains qui ont été cueillies par Les Fruits défendus (Montréal), Récolte Frugal (Gatineau) et Cultiver le partage (Trois-Rivières). Pourtant, la quantité de fruits urbains récoltés actuellement reste faible par rapport au potentiel que représente la présence des arbres fruitiers urbains, qu’ils soient sur des terrains publics, privés (entreprises, institutions, etc.) ou encore dans des cours arrière en zone résidentielle. Un tel potentiel pour la lutte à l’insécurité alimentaire rend important de montrer l’innocuité des fruits urbains, particulièrement pour des espaces urbains avec des historiques industriels.
Pour Eric Duchemin, « ce rapport souligne l’engagement du Laboratoire sur l’agriculture urbaine d’offrir du support et son expertise pour la réalisation d’études qui viennent répondre à des besoins d’organismes communautaires en sécurité alimentaire apportant des solutions innovantes. »
Les résultats obtenus dans le cadre de cette étude exploratoire arrivent aux mêmes conclusions que les autres études scientifiques sur le sujet, les concentrations en métaux lourds, bien que présents dans certains fruits restent en dessous des limites maximales pour la consommation humaine établies par l’Union européenne et la FAO. Comme pour les autres études on montre que les petits fruits comme l’amélanche et les griottes ont plus tendance à avoir des concentrations de métaux dans leur chair. Ces 38 échantillons récoltés dans différentes conditions et représentant 7 différentes espèces indiquent le faible risque associé au glanage urbain.
Pour Simone Chen, coordonnatrice générale de Les Fruits Défendus, « ce rapport confirme ce que d’autres recherches internationales ont démontré, soit que les fruits urbains contiennent peu (ou pas) de contaminants. Nous espérons donc que Montréal s'engagera plus activement dans la création de forêts nourricières et de vergers participatifs. Chaque semaine, nous recevons des demandes de montréalaises et montréalais pour participer à des cueillettes de fruits urbains. Il y a un grand appétit dans la population, c'est le temps de passer à l'action pour créer une ville qui met de l'avant notre patrimoine arboricole, la diversité de notre biorégion, et le riche héritage socio-culturel qui valorise le tout.! »
Cependant, une telle étude exploratoire ne permet pas d’expliquer les variations observées, le lien potentiel entre le sol et les contaminants mesurés, bien que certains des échantillons récoltés et montrant la présence de Pb ont été récoltés sur des sites industriels, dont le sol était potentiellement contaminé. Le faible nombre d'échantillons ne permet pas de réaliser des corrélations sachant que d'autres paramètres peuvent être en jeu. Nous ne sommes pas non plus en mesure de faire une analyse de l’impact des voies de circulations automobiles ou autres sources de contaminants atmosphériques sur les résultats. Ainsi, les partenaires de cette étude prévoient poursuivre la recherche en effectuant une étude élargie sur un plus grand nombre de sites et d’échantillons avec le prélèvement et l’analyse du sol et des particules atmosphériques.
« L’UQAM, avec son Laboratoire d’analyses environnementales, a pour objectif de poursuivre cette recherche avec les partenaires que sont AU/LAB et Les Fruits Défendus. Le Laboratoire d’analyses environnementales de l’Institut des sciences de l’environnement dont la mission est de promouvoir la formation étudiante et la recherche collaborative en est déjà sa 2e collaboration avec AU/LAB et le mouvement de l’agriculture urbaine », souligne Maikel Rosabal Rodriguez, professeur-chercheur au Département des sciences biologiques de l’UQAM.
Cette étude a été rendue possible grâce la Caisse de dépôt de placement du Québec qui soutien le programme S’enraciner du Laboratoire sur l’agriculture urbaine.
Pour consulter l’étude
E. Duchemin, S. Chen et M.R. Rodriguez (2025). Étude exploratoire sur les contaminants des arbres fruitiers à Montréal, Laboratoire sur l’agriculture urbaine. 9 p.