Estimation des services écosytémiques rendus par l’agriculture urbaine
L’évaluation de la valeur de l’agriculture urbaine, qu’ellesoit citoyenne ou encore commerciale, est l’un des enjeux scientifiques actuels.Nicholas Clinton, du Arizona State University,et ses co-auteurs réalisent dans ce texte la première tentative dequantifier l’apport de l’AU en terme de services écosystémiques urbains. Ceux-cimentionnent clairement qu’ils ne visent pas à faire une évaluation précise decet apport, mais visent à introduire une cadre (framework) afin d’estimer cet apport. Ils veulent apporter unepremière pierre aux réflexions, afin de déterminer le potentiel à incorporerl’agriculture dans la planification urbaine.
Bien que leur recherche se base sur des scénarios, dont latransformation de certains espaces vacants (ceux qui ayant un potentiel) et lestoits pouvant accueillir un projet d’AU (19% des toits cartographiés dans leurmodèle), les auteurs montrent clairement les bénéfices potentiels au niveau dusystème aliment-énergie-eau du capital naturel des agrosystèmes. Ils soulignentaussi l’importance de l’environnement bâti (ou l’aménagement) comme vecteur dechangement des bénéfices potentiels.
Dans le cadre de leur modélisation, une inclusion substantiellede l’agriculture urbaine dans les villes permettrait des bénéfices, provenant desservices environnementaux, qui se situeraient entre 88 000 à 164 000 M$US/an.La grande majorité des bénéfices calculés proviennent avec la productionalimentaire pour un gain se situant entre 70 000 et 150 000 M$US/an (productionalimentaire de 100 à 180 millions de tonnes/an), soit entre 80 et 90% del’ensemble des services environnementaux. En excluant les céréales, cettevaleur représentait de 5 à 10% de la production alimentaire mondiale.
Bien la production alimentaire soit l’élément majeur, lesautres bénéfices mesurés ne sont pas anecdotiques selon le modèle utilisé parles auteurs. Ainsi, les auteurs évaluent que cela permettrait une réduction dela consommation d’énergie de 14 à 15 milliards de kWh, une séquestrationd’azote entre 100 000 et 170 000 tonnes tout en réduisant le ruissellement deseaux pluviales de surface entre 44 et 57 millions de m3 annuellement.
Les auteurs ne se cachent pas que cette évaluation est unpremier pas. Toutefois, celle-ci permet de réfléchir sur l’apport del’agriculture urbaine citoyenne et des fermes urbaines sur l’écosystème urbain.Des évaluations locales seront nécessaires afin d’affiner ce portrait. Detelles évaluations locales permettront de conseiller les décideurs municipauxdans l’implantation de programmes en agriculture urbaine, tout en permettantd’ajouter des éléments plus locaux, comme la lutte aux îlots de chaleur et lagestion de la matière organique urbaine. Ces dernières pourraient être, par lasuite, être intégrées dans des modèles économiques de mise en place et degestion de fermes urbaines sur toit, par exemple.
Source de l’article
Nicholas Clinton, Michelle Stuhlmacher, Albie Miles,Nazli Uludere Aragon, Melissa Wagner, Matei Georgescu, Chris Herwig, Peng Gong, 2018, A Global Geospatial Ecosystem Services Estimate of Urban Agriculture, Earth’s Future, En ligne : https://doi.org/10.1002/2017EF000536