Apports économiques des producteurs urbains à Vancouver
Vancouver Urban Farming Society (VUFS) vient de publier son enquête 2014-2016 sur le développement des fermes urbaines sur le territoire de la ville de Vancouver (Canada)[1].Cette enquête fait un portrait économique des producteurs urbains de cette ville. Si lors de leur première enquête de 2010 à 2013 [2], VUFS avait identifié 10 producteurs urbains, ils sont maintenant 13 qui cultivent sur 3,5 hectares, répartie dans 44 espaces différents. Si la surface en culture dans Vancouver avait fortement augmenté entre 2011 (environ 1 ha),2012 (environ 2,7ha) et 2013 (environ 3,5 ha), la surface de culture n’a pas changé depuis 2013.
Ces 13 producteurs urbains sont soit des fermes à vocation sociale (Sole Food, par exemple), des fermes déployées sur des terrains résidentiels prêtés, des entreprises de production intensive en intérieur, des fermes périurbaines ou des entreprises high-tech (avec investissement important). À la lecture du document, on comprend qu’il y a une seule ferme périurbaine à Vancouver, tandis qu’en 2013 tout comme en 2016, il y a eu un seul projet de fermes high-tech. Dans les deux cas, les projets ont rapidement fait faillite.
10 fermes urbaines à Vancouver ont créé 34,7 emplois équivalent temps plein (EETP) en 2016, comparativement à 25 EETP pour 7 fermes en 2013, soit un ratio légèrement supérieur de 3,5 EETP par ferme en 2016. Selon les données présentées par VUFS, l’augmentation du nombre d’employés est attribuable aux des entreprises de production intensive en intérieur.
Les salaires versés aux employés des fermes urbaines de Vancouver était de 680 000 $, ou une moyenne d’un peu moins de 20 000 $/an par employé. 4 des 13 fermes de Vancouver n’ont payé aucun salaire à des employés, les propriétaires des projets ne travaillant qu’avec des bénévoles. Ainsi ces résultats cachent le fait que de nombreuses fermes à Vancouver s’appuient sur l’implication de bénévoles pour leurs différentes activités, pour un total de 9000 heures de volontariat pour environ 300 bénévoles.
Entre 2010 et 2016, les fermes urbaines de Vancouver on vu passé leur vente de 129 000 $ à 746 000 $, soit une multiplication par 5 de la valeur de la production alimentaire. Cette augmentation est particulièrement liée à l’augmentation des ventes vers les restaurateurs qui sont passés de 13 400 $ en 2010 à 390 400 $ en 2016. VUFS note que si l’augmentation des ventes, qui avait été observée par eux en 2013,était liée à une plus grande superficie de terre en production, celle de 2016n’est pas liée à ce paramètre. En 2016 deux des trois plus importants producteurs sont en production intensive en intérieur avec une superficie au sol de moins de 400 m2.
Pour les fermes ayant une distribution en ASC le nombre de paniers est passé de 280 en 2014 à 245 en 2016, tandis que la vente sur les marchés fermiers est restée stable à environ 130 000 $/an. En 2016, les producteurs ont fait des dons en nourriture pour un montant de 18 000 $.
Finalement, VUFS estime que l’impact des 13 fermes est plus que seulement des chiffres de production et des emplois. Bien que cela n’ait pas été mesuré dans la cadre de cette enquête, VUFS souligne les bénéfices écologiques, communautaires et sociaux des fermes urbaines. Ainsi pour VUSF c’est aussi la possibilité aux citoyens de Vancouver de s’impliquer bénévolement dans les projets (300 personnes pour 9000 heures). C’est aussi les 14,943 résidents qui ont été en lien avec des 4 des fermes de l’enquête à travers des visites, des ateliers, des fêtes, camp d’été et autres événements publics.
Le développement de l’agriculture urbaine commerciale (privé ou sous forme d’économie sociale) à Vancouver fait face aux mêmes réalités que dans d’autres grandes villes. Il y a les défis économiques du projet, la capacité d’engager et de conserver des employés compétents, mais aussi d’avoir l’accès aux infrastructures et aux espaces de production et d’avoir des programmes de soutien pour le bénévolat.
Source du rapport
Vancouver Urban Farming Society, 2017, Vancouver Urban Farming Census 2014 to 2016, 470. En ligne : http://www.urbanfarmers.ca/wp-content/uploads/2016/12/FINAL_Vancouver_Urban_Farming_Census.pdf
[1]Cette étude se base sur des données compilées par les producteurs. Ce qui selonVUFS peut apporter certains biais, car ceuxic devait tenir des registrespendant 2 ans et que certains producteurs ont été moins rigoureux qued’autres.. 13/13 des producteurs ont participé à l’étude.
[2]Cette première enquête est le résultat d’un mémoire de maitrise : Schutzbank,M.H., 2012, Growing Vegetables in Metro Vancouver : an urban farming census