Serres urbaines en économie circulaire : la valorisation de rejets urbains à des fins de production alimentaire 

Dans le cadre du Défi des Villes intelligentes et de son volet montréalais Montréal en commun, le Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) se penche sur la valorisation de rejets urbains (déchets-ressources) dans la production alimentaire sous serre, en ville.D’après un rapport de 2021, l’économie mondiale ne serait qu’à 8,6% circulaire, c’est à dire que seulement 8,6% des 100 milliards de tonnes de ressources consommées par an sont réinjectées dans l’économie [1]. Ainsi, le modèle économique linéaire actuel - extraire, produire, consommer, jeter - montre aujourd’hui ses limites. Le pôle québécois de concertation en économie circulaire définit celle-ci comme un « système de production, d’échange et de consommation visant à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie». L’économie circulaire est dorénavant une thématique incontournable dans l’élaboration des politiques publiques, comme en témoigne le plan directeur de gestion des matières résiduelles de l’agglomération de Montréal 2020-2025 ou encore le Plan Climat de la Ville de Montréal 2020-2030.Appliqué à l’agriculture urbaine, il s’agirait notamment d’intégrer les systèmes de production dans le métabolisme urbain en utilisant les ressources des villes qui seraient autrement perdues ou jetées. Ces modèles de circularité se retrouvent déjà dans la filière des champignonnières urbaines et celle de l’élevage d’insectes comestibles. Une autre opportunité touche à la serriculture urbaine, une méthode de culture permettant de produire localement toute l’année, mais connue pour être particulièrement énergivore.Le Laboratoire sur l’agriculture urbaine se penchera donc sur cette question de circularité  à travers une approche de recherche-action couplant plusieurs travaux de recherche à des projets pilotes. Entre 2021 et 2022, l’objectif du projet sera d’étudier le potentiel, les opportunités et les freins de la valorisation de déchets-ressources urbains à des fins de production serricole à Montréal.En premier lieu, la démarche consistera à identifier, à caractériser et à cartographier les externalités urbaines susceptibles d’être valorisées par la production serricole. Il sera question de mieux comprendre le potentiel théorique et réel de récupération de trois gisements à l’étude : les rejets thermiques, la matière organique rejetée par les institutions, commerces et industries et la biomasse forestière urbaine.Une analyse énergétique sur un cas de serre sur toit à la Centrale agricole permettra d’évaluer les impacts sur la consommation énergétique d‘une serre urbaine en climat froid, de son intégration au toit d’un bâtiment industriel, de même que de certains choix de conception techniques et de pratiques culturales.Concomitamment, des projets pilotes viendront répondre à des enjeux environnementaux, sociaux et économiques. Ces projets se veulent aussi bien une vitrine éducative pour le grand public qu’un plateau d’insertion socioprofessionnelle pour les citoyens désirant s’y engager.

  • Serre de l’Est - ce projet pilote comprend une étude de faisabilité, la planification et l’implantation d'une serre chauffée à la biomasse forestière utilisant en partie la biomasse créée par un projet de phytoremédiation opéré par l’Institut de recherche en biologie végétale, ainsi que des travaux d’abattage (frêne) et d’élagage dans l’Est de Montréal. Les autres partenaires de ce projet incluent Agri-Stratégies, Gobeil Dion et l’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointes-aux-Trembles.
  • Serres Tempo - Ce projet pilote propose d’accompagner 5 foyers de Rosemont-La-Petite-Patrie participant au défi “Composte ton char”, l’un des 4 défis organisés par Solon dans le cadre de son projet de mobilité de quartier. Ces foyers qui auront choisi le défi ultime de se départir de leur automobile recevront le soutien de AU/LAB pour convertir leur abri Tempo en serre individuelle. L’arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie ainsi que le Laboratoire d’innovation civique pour l’innovation réglementaire sont également partenaires pour ce projet.
  • Des projets d'implantation de serres valorisant des rejets de chaleur sont également à l'étude.

Enfin, la documentation des projets pilotes viendra soutenir l’analyse des freins et des opportunités techniques, réglementaires ou culturels, liés à la valorisation des déchets-ressources urbains pour la production serricole. Le rapport final sera disponible à la fin 2022.Pour plus d’informations

Jean-Philippe Vermette,Directeur intervention et politiques publiquesLaboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB)Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine (CRETAU)Courriel : jp.vermette@au-lab.ca

 Partenaire financier du projetCe projet est réalisé grâce au soutien de la Ville de Montréal dans le cadre du Programme Montréal en commun, volet montréalais du Défi des villes intelligentes du Gouvernement du Canada.« Montréal en commun est une communauté d’innovation pilotée par la Ville de Montréal dont les partenaires expérimentent des solutions en accès à l’alimentation, en mobilité et en réglementation municipale dans un désir de repenser la ville. Les 13 projets de Montréal en commun sont mis en œuvre grâce au prix de 50 M$ octroyé à la Ville de Montréal par le Gouvernement du Canada dans le cadre du Défi des villes intelligentes. »     Note[1] Circle economy. (2021). The circularity gap report 2021. https://www.circularity-gap.world/2021

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