L’agriculture urbaine sociale et collective en temps de pandémie : quels rôles pour les multiples initiatives ?
Le Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) et le Conseil SAM (CSAM) mènent une recherche sur les initiatives d‘agriculture urbaine sociale et collective[1] à Montréal et sur les groupes portant celles-ci. Cette étude se fait en collaboration avec les acteurs du réseau de l’agriculture urbaine montréalais, dont Cultiver Montréal.Les premiers résultats montrent qu’à Montréal, on retrouve plus de 200 initiatives d’agriculture urbaine sociale et collective portées par une grande diversité d’acteurs provenant autant du milieu communautaire, institutionnel que de mouvements citoyens. Ces projets existent sous de nombreuses formes et sont aussi variés quant à leur mission, leurs bénéficiaires ou la destination de leurs récoltes.Ces 200 initiatives ne sont pas anecdotiques afin de pouvoir répondre aux impacts de la pandémie de COVID-19 au Québec, dont la hausse à l’insécurité alimentaire des populations vulnérables. En 2020, on a assisté à une hausse importante de l’insécurité alimentaire dans les premières semaines suivant le confinement. Le 2 avril 2020, 26% des adultes québécois vivaient dans un ménage affecté par de l’insécurité alimentaire, contrairement à 11% avant la crise[2]. Bien que cette proportion ait diminué dans les semaines suivantes, atteignant 15% le 20 mai, la pandémie a cependant exacerbé l’insécurité alimentaire vécue par les groupes étant déjà en situation de précarité, dont les personnes défavorisées, les ménages de plus de 4 personnes et avec enfants ainsi que les personnes seules[3]. Cela est particulièrement vrai pour les habitants de la Grande région de Montréal, où l’insécurité alimentaire était plus élevée autant en début de pandémie (28% le 2 avril) que quelques semaines plus tard (19% au 20 mai)[4].Le projet de rechercheDans le cadre de ce projet, le CSAM et AU/LAB cherchent à déterminer le rôle de l‘agriculture urbaine sociale et collective dans le cadre d’une crise comme celle vécue actuellement avec la pandémie de COVID-19, et voir comment cette crise influence la mission et l’organisation des organismes porteurs. Un regard particulier est mis sur l’apport de ces initiatives au niveau de la sécurité alimentaire, et plus spécifiquement de la lutte à l’insécurité alimentaire, sans délaisser les autres apports des projets.L’étude cherche aussi à identifier les impacts de la COVID-19 sur les activités d’agriculture urbaine des organismes, autant au niveau des mesures sanitaires que des changements dans la demande en raison de nouveaux enjeux sociaux. Elle examinera les actions mises en place par les organismes porteurs afin de poursuivre ou adapter leurs activités et répondre aux enjeux ayant émergés durant la crise. Les meilleures pratiques et actions qui auraient pu être instaurées afin de soutenir les activités des organismes seront aussi étudiées. L’objectif est de tirer des constats et apprentissages destinés à faciliter le développement et le maintien de ces projets en temps de crise ainsi qu’à plus long terme afin de leur permettre d’appuyer la résilience du système alimentaire montréalais.L’étude permettra de faire un portrait complet des initiatives d’agriculture urbaine sociale et collective existantes présentement à Montréal. Un tel portrait n’a pas été fait depuis 2010.Cette recherche s’inscrit dans un effort plus large de l’AU/LAB et du CSAM d’analyser la résilience des initiatives d’agriculture urbaine en temps de crise. Le Laboratoire sur l’agriculture urbaine mène simultanément une autre recherche portant sur l’impact de la COVID-19 sur les activités de l’ensemble des fermes urbaines montréalaises, au niveau de la production, de la distribution et de la mise en marché.MéthodologieAprès la réalisation du portrait par un recensement exhaustif des initiatives sur le territoire de l’agglomération de Montréal, un sondage sera diffusé auprès des organismes porteurs. Ce sondage visera à compléter le portrait et identifier les enjeux soulevés par la Covid-19 et les impacts de la crise sur leurs activités. Des entrevues semi-dirigées auront ensuite lieu avec des porteurs des différents types d’initiatives d’agriculture urbaine, afin d’approfondir les thématiques soulevées lors du sondage. Des entrevues seront aussi réalisées avec des acteurs en sécurité alimentaire ne portant pas de projets d’agriculture urbaine, afin de cerner comment des initiatives de ce type pourraient répondre aux enjeux rencontrés durant la crise.Cette recherche est réalisée dans le cadre d’une bourse de stage Mitacs. Pour en savoir plus ou participer à l’étude - pour des organisations communautaires de Montréal
Corinne Dupont-RachieleConseillère scientifique pour l’étudeAULAB / CSAM / UQAMCourriel : corinnedr@mtlmetropolesante.ca
Eric DucheminDirection scientifique de l’étudeLaboratoire sur l’agriculture urbaineProfesseur associé, Institut des sciences de l’environnement – UQAMCourriel : eric.duchemin@au-lab.ca
Jordi Utgé-RoyoChargé de projet - Encadrement de l’étudeConseil Système Alimentaire MontréalaisCourriel : jutgeroyo@mtlmetropolesante.ca
Notes[1] Nous entendons par initiatives d’agriculture urbaine sociale et collective, les parcelles cultivées collectivement par un groupe d’individus. Ces initiatives ont une vocation sociale, non –marchande, mais dont les objectifs peuvent être divers (sécurité alimentaire, éducation, insertion professionnelle, etc.). Les récoltes sont utilisées à différentes fins (partagées entre les bénévoles, remises à des OBNL, utilisées dans les activités de l’organisme, etc.). Les projets de fermes urbaines en économie sociale ne sont pas considérées dans le cadre de cette étude, mais dans le cadre d’une autre étude.[2] INSPQ – Institut national de santé publique du Québec. (2020). Pandémie et insécurité alimentaire - Résultats du 29 juin 2020. Récupéré de https://www.inspq.qc.ca/covid-19/sondages-attitudes-comportements-quebecois/insecurite-alimentaire-juin-2020 [Consulté le 3 avril 2020].[3] Idem[4] IdemPartenaires de la rechercheLe Conseil du système alimentaire montréalaisPremier conseil de politiques alimentaires au Québec, le Conseil du système alimentaire montréalais occupe une position unique pour œuvrer en faveur d’un système alimentaire résilient et durable à Montréal. Fort d’un réseau multisectoriel de partenaires et des résultats d’une planification stratégique, le Conseil a une capacité de mobilisation importante et une compréhension globale des enjeux du système alimentaire. Il est l’organe de coordination du Système alimentaire montréalais (SAM), une des deux mobilisations de la Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie de Montréal : Montréal Métropole en Santé (MMS).Le Laboratoire sur l’agriculture urbaineLe Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) est un espace de recherche, de formation, d’innovation et d’intervention sur le thème de l’agriculture urbaine et de l’alimentation. AU/LAB est un centre de recherche hybride comprenant un organisme à but non lucratif et un volet universitaire, en lien avec l’Université du Québec à Montréal. Le laboratoire est un lieu d’action et de réflexion national et international sur l’urbanité et l’alimentation. S’appuyant sur une large expertise et plus de 13 ans d’expérience, AU/LAB assure l’émergence de propositions, d’initiatives et d’entreprises portant autant sur la production et la transformation que sur la distribution et la mise en marché de l’agriculture urbaine. AU/LAB agit dans une perspective de participation au développement d’un système alimentaire urbain, d’un urbanisme viable et d’une économie circulaire au sein des villes.