Cartographie de l’agriculture urbaine à Montréal-Nord (Québec, Canada)
En collaboration avec plusieurs partenaires, le Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) travaille sur un projet d’évaluation de l’agriculture urbaine comme infrastructure verte de résilience individuelle et collective face aux changements climatiques et sociaux. Planifié sur trois ans (20176-2020), ce projet de recherche servira à outiller les acteurs sociaux québécois d’un guide d’évaluation sur les bénéfices de l’agriculture urbaine quant à l’insécurité alimentaire, la justice alimentaire et la résilience individuelle et collective pour l’alimentation, le tout dans un contexte de changements climatiques.
Le travail présenté dans le cadre de ce billet a été réalisé par Bastien Haehnel, Université de Strasbourg, qui était en stage à AULAB à l’été 2017. Le stage a été réalisé sous la supervision de Eric Duchemin, Directeur scientifique t formation de AU/LAB, avec la participation de Hien Pham, professeure à l’UQAM.
Résumé : Dans le cadre d’une recherche l’équipe du Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) a cartographié par Image satellite la présence de jardins individuels sur l’ensemble du territoire de l’arrondissement Montréal-Nord, soit une superficie de 11,07 km². Cette cartographie a été jumelée par des visites de terrain afin de valider l’identification effectuée par l’analyse des images. Cette zone d’étude couvre 2,6% du territoire de la ville de Montréal.
Sur le territoire étudié 1316 jardins ont été identifiés par image satellite (2012). 10 zones cartographiées ont été vérifiées certaines avec une marge d’erreur de 17 %, d’autres 0 %. Concernant ces « erreurs », celles-ci s’expliquent par plusieurs facteurs : par exemple, certaines maisons étant à vendre ou abandonnées de leurs propriétaires, les jardins potagers ont été laissés en jachère, d’autres ont été remplacés, par une piscine par exemple, tandis que d’autres étaient seulement invisibles par image (caché par la canopée ou l’ombre des bâtiments).
Des jardins qui n’avaient pas été préalablement digitalisés furent identifiés par les visites sur le terrain. En effet, il n’était pas possible lors de la digitalisation par Google My Maps d’apercevoir tous les jardins, en raison d’un manque de visibilité dû à la présence d’arbres notamment, mais aussi en raison du fait que certains jardins furent aménagés récemment et n’existaient donc pas encore en 2012, date des images satellitaires utilisées par Google.
Les 1316 jardins individuels identifiés représentaient une surface totale de 50 589 m2, avec superficie moyenne de 38 m2 pour les jardins individuels du territoire de l’arrondissement Montréal-Nord. Le jardin le plus petit numérisé était de 6m2, tandis que le plus grand de 322 m2. Cette superficie représente 0,4% de la superficie totale de la zone d’étude.
Dans la zone d’étude, il est déjà possible de remarquer une inégalité en termes du nombre de jardins par secteurs délimités (500 m par 500 m). On constante une différence entre la moitié nord et la moitié sud du jardin, le nord semblant abriter une densité de jardins plus importante de jardins, notamment avec trois mailles où pour l’une on trouve le maximum de jardins de notre zone d’étude, à savoir 82 jardins, une autre comptant au rang de la troisième maille la plus dense avec 74 jardins, et une troisième avec 77 jardins. Toutefois, dans la section sud on trouve une maille avec 81 jardins. Avec ce maillage on arrive à une densité de 106 jardins au km2.
En ce qui concerne l’espace cultivé par rapport à l’espace potentiellement cultivable le jardinier est prêt à consacrer entre 2 et 20% de l’espace potentiellement cultivable, rarement plus. Ce portrait montre un certain équilibre de la part du jardin dans l’espace potentiellement cultivable entre le nord et le sud de l’arrondissement, contrairement à la carte représentant la densité de jardins, qui montrait à une prépondérance des jardins dans le nord dans celle-ci.