L’agriculture urbaine sociale et collective face à la pandémie COVID-19

Le Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) et le Conseil du système alimentaire montréalais (Conseil SAM) viennent de publier un rapport qui documente les effets de la crise sanitaire sur les activités de l’agriculture urbaine sociale et collective.

Ce rapport fait aussi le portrait de ces initiatives à Montréal qui se sont largement développées dans les dernières années et en tirer des leçons pour l’avenir.

Selon cette étude, Montréal compte maintenant 264 initiatives d’agriculture urbaine sociale et collective (AUSC). C’est plus du triple des initiatives répertoriées en 2010. De ces projets, 58% sont des jardins collectifs, 25% des jardins pédagogiques, 8% des jardins libres, 6% des jardins institutionnels et 3% des jardins à vocation productive. Les acteurs impliqués dans l’AUSC œuvrent dans des domaines très variés, mais les responsables du plus grand nombre de projets sont les organismes porteurs des programmes écoquartiers (53 projets), les organismes en sécurité alimentaire (49 projets) ainsi que les écoles primaires et secondaires (42 projets). Ces initiatives viennent joindre les 46 fermes urbaines montréalaises, les 95 jardins communautaires et les 42% de la population de Montréal qui cultive des légumes à la maison.

Effet de la crise sanitaire

Les principaux enjeux soulevés lors de la COVID-19 furent l’arrêt des activités, l’accès restreint aux terrains, la mise en place des mesures sanitaires et les difficultés de mobilisation des ressources humaines. Par contre, les effets de la crise sanitaire ont été variés pour les acteurs de l’AUSC montréalaise, certains allant jusqu’à revoir la mission de leurs jardins, alors que d’autres ont simplement instauré des mesures sanitaires.L’étude met en lumière les enjeux globaux vécus par les acteurs de l’AUSC : la pérennisation des projets, le manque d’espaces cultivables facilement accessibles, le financement par projet.

Le besoin d’une nécessaire volonté politique émerge du discours des porteurs de projets. Une volonté politique qui doit se traduire par une reconnaissance de l’AUSC comme un service essentiel afin d'éviter la fermeture des projets ou l’incapacité de maintenir le projet lors d’une crise sanitaire comme celle que nous venons de vivre.

Quel rôle pour l’agriculture urbaine sociale et collective

Notre étude permet de souligner l’importance, pour les porteurs de projets, des initiatives d’AUSC au regard de l’apport alimentaire, mais aussi en tant qu’outil de conscientisation et de socialisation. Tout particulièrement, selon eux, en temps de pandémie et d’une augmentation de l’insécurité alimentaire. Toutefois, au printemps 2020, la fermeture des commerces non essentiels a créé une incertitude auprès des organismes en AUSC, qui n’étaient pas nécessairement considérés comme étant des services prioritaires, et une partie d’entre eux ont cessé complètement leurs activités durant cette période. Un flou existait puisque l’agriculture était considérée comme un service essentiel par le gouvernement du Québec, alors que ce n’était pas clair pour l’agriculture urbaine.

Rappelons qu’au début de la pandémie les jardins communautaires ont été fermés, mais les fermes urbaines étaient en activité. Cette ambiguïté a engendré des retards dans la planification, l’embauche et la production pour plusieurs initiatives, ce qui a eu des impacts sur le reste de la saison. Une reconnaissance de l’agriculture urbaine par le politique pourra éviter cette incertitude dans le cas d’une nouvelle crise sanitaire ou encore pour le développement de l’AU comme l’un des outils à la lutte à l’insécurité alimentaire qui ne disparaitra pas avec la COVID-19. À Montréal le pourcentage de personne vivant l’insécurité alimentaire est de 13,6% (DSPM 2015). Les porteurs de projets de l’AUSC ont bien compris cette réalité et les projets sont de plus en plus d’envergure et avec une fonction de production et de solidarité alimentaire.

Pour consulter l’étude complète

Dupont-Rachiele, C., É. Duchemin et J. Utge-Royo. (2021).L’agriculture urbaine sociale et collective montréalaise en temps de pandémie, Laboratoire sur l’agriculture urbaine et Conseil du système alimentaire montréalais. 50p

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